Something tells me everybody hates me • Foxy

Messages : 240 Date d'inscription : 18/06/2015

Les commandes venaient d'être honorées. Un chapeau, deux chapeaux, trois chapeaux, sept chapeaux, une robe pour le théâtre et un manteau. Ils étaient tous disposés sur l'immense table de travail, passant les derniers tests qui permettaient d'évaluer à quel point leur réalisation frôlait la perfection. Des mises à l'épreuve aussi farfelues que l'esprit de leur créateur, mais qui attestaient néanmoins de son soucis du détail. Après avoir survécu à ses propres épreuves, ces confections offriraient une durée de vie incroyable. Et si certaines n'y survivaient pas... ce ne serait que la quatrième fois qu'il referait le modèle qui lui posait le plus de problèmes ce jour-là. Cependant, le Chapelier ne révélerait jamais qu'il pouvait être faillible, qu'il avait la capacité de concentration d'un chaton parfois. D'accord, souvent. Comme ce début d'après-midi là où il venait de plonger l'un de ses chapeaux dans le dissolvant en croyant qu'il l'imperméabilisait.

Suite à cette erreur, le Fou eût en plus un mur qui pâtit du changement soudain d'humeur. Un mur qui devrait être repeint, quoi que personne d'autre ne devait avoir une oeuvre d'art pareille sur un tel support. Si le voisin avait su ce qui se déroulait dans la maison du Mad Hatter, il aurait probablement remercié le ciel qu'il n'y ait pas le moindre bruit d'explosion. La colère de la dernière fois avait profondément perturbé le quartier puisqu'une partie de la façade de la demeure de l'ancien habitant du pays des merveilles avait permis une magnifique aération de la maison. Une ouverture sur l'extérieur que le propriétaire du salon de thé avait visiblement bien vécu puisqu'il buvait sa boisson favorite assis là, l'ayant même aménagé comme une terrasse temporaire. Personne n'avait volé, parce que personne n'osait trop risquer contrarier un taré capable du pire et qui sortait en prime de divers espaces de rangements.

Personne ? Oh oui. Il existait bien un individu qui ne se laissait pas marcher sur les pieds -nous parlons ici au premier degré, évidemment- par l'original de Pandore. Quelqu'un qui lui renvoyait une tarte -nous parlons toujours au premier degré- lorsqu'il voulait faire sortir le faux-borgne de ce qui constituait son espace vital. Un individu qui ne craignait pas les possibles représailles du Chapelier, et qui, en réalité, ne se rendait pas compte que ce dernier se vengeait plusieurs fois par semaine dans la plus grande discrétion. D'ailleurs, lorsque les yeux vairons de Sean se posèrent sur la date inscrite sur le téléphone portable que Venceslao l'avait forcé à garder sur lui, le fou ricana sombrement. L'heure était parfaite pour ruiner les plans machiavéliques du Café parisien. Maddie ne se raviserait pas. Il ne douta pas une seule seconde d'à quel point il serait aujourd'hui une épine dans le pied de ses malveillants concurrents pendant qu'il se préparait. Il détacha ses cheveux blancs et plaça correctement sa mèche devant son œil doré. Oh, il ne pensait absolument pas être repéré. Tout se passerait bien, comme à chaque fois.

À chaque fois qu'il tourmentait ces empoisonneurs. Hatty s'offusquait tous les jours en réalisant que ce commerce était encore ouvert. Que faisait la ville ? Et Charles Dickens qu'il dérangeait régulièrement afin de lui rappeler sa plainte constante ? Il se retrouvait contraint d'agir lui-même pour protéger les autres habitants de ce fléau. Un super-héros incompris, voilà ce qu'il était. Bon d'accord, un justicier voleur de petites cuillères et de mignonnettes c'était pas le top du glamour. Genre ça s'approchait pas des masses du niveau Deadpool, mais il y travaillait Maddie. Il avait lu -ok, regardé les images et fait l'effort de mater les répliques les plus badass de son modèle (en vrai ça représentait beaucoup de lecture du coup pour lui vu que Deadpool est constamment badass, pfiou. Il en avait eu mal à la tête)- et avait tenté de saisir l'essence même du personnage. Du coup quand il sortit du placard directement dans les cuisines du café, il avait masqué son chapeau haut-de-forme et avait prévu des trous pour les plumes qu'il avait à moitié pétées au cours du processus. J'ai jamais dit qu'il avait tout compris aux principes de la vie le Maddie hein. Il avait pas trop assuré son anonymat même si dans sa tête personne ne pouvait le reconnaître alors qu'il portait un chapeau qui portait un costume moulant ultra coloré. Façon arc-en-ciel en fait.

Il parvint à aller se caler du côté de la chambre froide, là où le cuisinier - qui portait d'ailleurs le nom de Nathanaël, nom bizarre pour un renard. Comme si ça savait retenir un nom aussi long ces bêtes-là - allait et venait pour déposer les desserts qu'il réalisait au fur et à mesure. Le Chapelier se frotta les mains, sûr de sa cachette, alors qu'il mettait en marche ce qu'il avait prévu. En gros, on pouvait résumer ça en un mot : Manger. Manger tout ce qui allait être déposé là et foutre en l'air tout ce qui avait été préparé pour le goûter. En plus c'était parfait, parce que le goûter était à 16h, du coup il pourrait même assister au Tea Time, et il dévorait des trucs sucrés. Il y avait bien pire comme façon de passer son après-midi et saboter les gens qu'il n'aimait pas.