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les rumeursϟ Il paraîtrait que l'énorme bruit de la nuit dernière venait de l'hôpital ; Une machine aurait explosé dû à un dysfonctionnement et on y compterait deux victimes, médecin et patient. Si même à l'hôpital nous sommes en danger...

ϟ Perrault et Watson sont très souvent vus l'un en compagnie de l'autre, se tenant la main et rigolant ensemble. La rumeur court en ville qu'ils seraient en couple, bien que les deux démentent.

ϟ Une source proche d'Odin aurait affirmé que celui-ci aurait fumé des cèpes dans le but d'être shooté. Quelqu'un ne voudrait pas lui apprendre comment faire une fricassée aux champignons plutôt que de laisser pourrir son stock ?

ϟ Alice aurait pour projet de lancer un Sex shop portant le nom de "Rabbit Hole" et dont la source d'inspiration pour les produits vendus et l'égérie serait, naturellement, le réceptionniste bien connu de l'hôtel Abysse. Peut-être est-ce cela qu'il transporte dans ses caisses à travers la ville ?

ϟ Rimbaud aurait engagé un détective pour prendre des photos de Verlaine et les ajouter à sa collection personnelle. Il paraîtrait en effet que celui-ci a aménagé un véritable autel où il brûle de l'encens, invoquant on ne sait quelle divinité oubliée afin de ramener son amant dans son lit.

ϟ Un collègue de travail aurait surpris Smok qui écoutait du Miley Cyrus lors de l'une de ses gardes au poste. Il a bien insisté sur le fait qu'il s'agissait de la période Hannah Montana. On soupçonne donc qu'il possède des goodies en vue d'un futur tuning de Betty, sa moto...

ϟ Des papiers sont parvenus entre les mains de certains membres de la ville, des papiers qui révélent que Charles Dickens est un ancien acteur porno.

ϟ Il paraitrait qu'avant avoir rencontré Sherlock Holmes, John Watson était proctolgue. Cela expliquerait sa profonde connaissance en anatomie anale...

ϟ Claude Debussy ferait du racollage pour ouvrir un Host Club à Pandore ! Le compositeur a vraiment l'air d'aimer les jeunes hommes en jupette.



 
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 Parallélépipède rectangle. || Jack Frost.

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Thug Life
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MessageSujet: Parallélépipède rectangle. || Jack Frost.   Parallélépipède rectangle. || Jack Frost. EmptyJeu 18 Juin - 17:01


Pour John Watson, devenir médecin avait été une évidence dès sa plus tendre enfance. Une fois par semaine, il ramenait un petit animal blessé dans la demeure familial, et prenait soin de lui jusqu'à le relâcher dans la nature, avec toujours cet éternel petit pincement au cœur. Il n'était jamais facile de dire au revoir à ses petites bêtes, surtout quand l'enfant s'y était attaché si fort. En grandissant, il était toujours le premier à se précipiter quand, sur les terrains de sport, quelqu'un de l'équipe se blessait. Jamais l'homme aux cheveux désormais roses n'avait rechigné à la tâche, ni grimacé devant une goutte de sang. Au contraire, ça le motivait sans doute plus à se donner d'avantage encore devant le travail à accomplir. John était un homme qui aimait aider, sans doute est-ce la raison pour laquelle il avait ouvert le cabinet avant même de se trouver une maison. Principalement parce que Dickens l’hébergeait, mais parce que la santé de la population venait avant son propre confort.

C'est donc naturellement que le médecin s'était porté volontaire pour faire des gardes à l'hôpital, en plus de son travail au cabinet. L'avantage d'un double emploi comme celui ci, c'est également que les moyens suivaient. Mais surtout, il ne s'ennuyait pas. Il y avait certes des jours où John était trop fatigué pour ne serait-ce que marcher droit, zappant son sempiternel verre de bourbon avec son désormais colocataire, et où il allait directement se coucher. Mais ainsi, sa vie était pleine, entière, et l'occupation était tout ce dont il avait besoin pour tenir debout, pour rester droit dans son esprit. La semaine avait été une véritable folie. La grippe sévissait dans Pandore, et le cabinet, ainsi que l'hôpital, étaient pris d’assaut. Le médecin ne pouvait même plus dire combien de fois il avait été appelé très tôt le matin, ou tard le soir, pour une consultation en urgence.

La journée, cependant avait été beaucoup plus calme. Quelques poignets foulés, un rhume, et un homme qui s'était coincé une bouteille dans... non, c'était le secret professionnel, ce n'était pas des choses dont l'ex militaire pouvait décemment parler sans rougir de honte. Bref. Il y avait un homme qui s'était éclaté un doigt, et un autre qui avait frôlé l'overdose. Une journée normale, en soit. Pas d'urgence, pas de défibrillateur qui avait été dégainé, pas d'alarmes retentissantes, pas de cris ni de hurlements sanglants, ni même aucun homme qui avait eu la délicatesse de rendre son estomac sur le sol immaculé. C'est donc avec un petit sourire que John replaça ses lunettes sur son nez, lisant la fiche qu'on venait lui déposer entre les mains. Une foulure du poignet ? Bien, ça allait être simple, rapide, et enfin, l'homme de science pourrait rentrer chez lui. En entrant dans la salle de consultation, il s'arrêta néanmoins sur le pas de la porte, écarquillant les yeux.

« - … Frost ? Encore ?! »

Jack Frost. Ce n'était pas la première fois que les deux hommes se croisaient. La propension de cet homme à se blesser était tout à fait fulgurante. Il venait environ une fois par semaine, ce qui avait donné lieu à une anecdote tordante. Il y a deux mois de cela, John avait été tout à fait scotché de voir l'homme aux cheveux blancs aussi souvent. À chaque fois, il avait réellement besoin de soin, mais le médecin avait tout de même posé la question à ses collègues, le pourquoi de la présence de cet homme. Tous avaient crus qu'il était hypocondriaque, mais quand il était arrivé avec une épaule déboîtée, plus personne n'osa rien dire sur l'homme. Le pauvre s'était sacrément fait mal ce jour là, et depuis, l'homme aux cheveux rosés avait décidé de prendre Jack sous son aile, s'occupant de lui à chaque fois que ce dernier mettait les pieds à l'hôpital.

En ricanant, John fit asseoir Jack. Dieu que cet homme était maladroit, mais au moins, ça faisait marcher les affaires. Une consultation évidente par mois, c'était une clientèle qui fonctionnait correctement. Et puis, Jack et John était collègue, en quelques sortes. Jack travaillait aux pompes funèbres, ce qu'il faisait que sa présence était obligatoire à la morgue de l'hôpital. C'est d'ailleurs ainsi qu'ils s'étaient rencontrés pour la première fois, quand le jeune homme était venu, perdu dans les couloir du bâtiment, et que le médecin l'avait accueilli dans son bureau pour lui signer quelques papiers. Une histoire de membre manquant sur un cadavre, John n'avait pas insisté, n'avait pas voulu savoir, et avait signé en grognant légèrement de dégoût. Les morts étaient sacrés, tout de même.

« Un poignet foulé, cette fois ? Heureusement, ça n'a pas l'air bien méchant, je vais regarder ça immédiatement. Comment se remet ton petit doigt de pied cassé ? »
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MessageSujet: Re: Parallélépipède rectangle. || Jack Frost.   Parallélépipède rectangle. || Jack Frost. EmptyJeu 18 Juin - 17:02

Jack ne s'étonnait même plus !

Foulures, contusion, brulures, plus rien ne l'étonnait. Le malaise était un compagnon de tous les jours, depuis qu'il avait acquis ce corps dont le dos devint rapidement douloureux, ainsi que les doigts et autres parties sensibles humaine. La vie est parfois cruelle, de pair avec le destin. Jack s'en rendit compte, avec le temps, et l'habitude. Le temps, étant la maladresse, l'habitude étant l'hôpital. Le tout donnait une magnifique réaction en chaine partant du cimetière, jusqu'à l'hosto, et souvent, s'accompagnant de nombreux geignements de douleurs.

Ça, il le regretterait toujours. Quand il était esprit, il n'avait jamais mal. Ou presque. Mais la notion de sensation était si lointaine, qu'elle importait peu.

A force, même la douleur sembla insignifiante après tout. C'est pourquoi, poignet foulé dans la salle de consultation, il frottait machinalement son dos, ignorant les ondes chaudes et désagréables émanant de ses ligaments pour soulager ses muscles endoloris. Dans un soupir, il se remémora la raison de sa venue. Comme chaque fois, comme pour se porter chance et éloigné la maladresse qui semblait l'atteindre. L'habiter comme une maladie infectieuse, que seul le hasard pouvait détruire. Ou l'attention.

A son malheur, il semblait n'avoir ni l'un, ni l'autre.

Il compta mentalement sur les bouts de ses ongles, les blessures qu'il avait acquises et qui avaient marqué son esprit. Une déchirure des ligaments en glissant dans un trou qu'il creusait, la peau brulée par un produit bleu dans le funérarium, il ne se rappelait pas l'étiquette... Mais ce qui avait marqué sa mémoire était cette fois où il s'était déboité l'épaule. Cela avait été... Assez violent.

Mais malgré cela, il s'efforçait toujours de retarder ces visites à l'hôpital. Attendant parfois que la plaie soit enflée, ou violette, passant par multiples couleurs. Il se blindait alors de médicaments antidouleur. Mais faire un enterrement à moitié plié en deux, sonné comme un hamac se balançant au vent dans un de ces pays chauds de cartes postales, ce n'était pas bon pour le commerce.

Il se redressa, et commença à secouer doucement sa main. Sa jambe bougeait nerveusement, indiquant la seule méthode qu'il avait trouvée pour évacuer la douleur. Il ne sursauta même pas quand Watson entra dans la pièce. Relevant un regard las, il resta muet, observant juste le Docteur s'étonner, pour ensuite ricaner en le faisant assoir.

Cet homme était bien le seul, qui acceptait de le soigner si souvent, sans prononcer de râles ou autres jurons désagréables à ses oreilles. Jack, sentait bien après tout, qu'il n'était pas le bienvenu dans ce lieu de soin, ou l'on préservait et sauvait des vies.

Les autres médecins semblaient ne pas l'apprécier, voire le détester. Dans un sens, il comprenait, même si cela le rendait assez chagrin. Il n'en laissait d'ailleurs, rien paraitre. Il était ainsi. Peu de monde l'avait pris en sympathie à l'hôpital. Il faut dire, le voir, attendant timidement près de l'accueil les bras chargés de papiers et d'attestations de décès, n'était pas bon signe.

L'échec, était quelque chose que lui-même pouvait imaginer. Mais pas de la même manière qu'un médecin mort de fatigue. Après tout, même à Pandore, Jack continuait à annoncer la mort et ça, cela n'était pas bien vu. Mais il restait serviteur fidèle d'une macabre démarche, entretenant une atmosphère morbide, qu'il aimait à servir sur un plateau d'argent.

Il était né, pour ça.

Quand il posait ses yeux sur le médecin aux cheveux roses, ce fait lui revenait à la face. Jack était rarement quelque part, par hasard. Et cela, ne donnait guère le sourire.

Il soupira, et posa sa main machinalement sur sa propre jambe. La douleur le fit grincer des dents. Le rappel de son doigt de pied brisé par une pierre tombale qui n'avait pas voulu tenir droite... Lui fit mal également. À l'orgueil.

Sa bouche s'étira en un mince sourire, et ses yeux cernés s'amusèrent un instant de la vision mentale et déplorable de lui-même, qui l'asservit. Il laissa échapper un léger rire sarcastique.

« Haha. Merci de vous en inquiétez Doc. Mon orteil va bien mieux en somme, depuis qu'il est justement, ressoudé. »

Il illustra ses propos en levant le genou, montrant son pied botté d'un cuir abimé à l'agonie. Puis, il le rabaissa, préférant soulever sa manche pour observer la zone de son anatomie, douloureusement enflé. Il siffla, inquiet.

« Je ne sais même pas comment j'arrive à me faire ce genre de blessures. Rassurez moi Watson, dites-moi que je n'aurais pas besoin de plâtre ou autre chose ? J'ai vraiment... Besoin de mes mains. »

Habile avec les morts, mais aussi doué avec les corps vivants et les vivants, qu'un clown sans costume sur un fil d'équilibriste.

Il n'arrivait décidément pas, à tutoyer le médecin, et pourtant voilà un petit moment que celui-ci s'occupait de chacune de ses égratignures, boursouflures, et autres tendinites sans importances... Il leva un regard curieux sur l'homme rose, avant de recommencer à secouer violemment sa main, l'air meurtri. Comme s'il voulait chasser la douleur, comme on chasse un insecte. Futile effort, qu'il ne stoppa pas, malgré tout.
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MessageSujet: Re: Parallélépipède rectangle. || Jack Frost.   Parallélépipède rectangle. || Jack Frost. EmptyJeu 18 Juin - 17:02

Watson vint s'asseoir en face de Jack, laissant glisser sur son propre visage un sourire amical.

John entendait souvent des rumeurs, au sein de l'hôpital. Il écoutait, laissant traîner ses oreilles lorsque les autres médecins pensaient qu'il n'entendait pas, parce qu'il était l'un des plus gentils ici, des plus serviables. Sa nouvelle existence ne l'avait pas défait de ses us et coutumes d'autrefois. John Watson avait toujours été cet homme serviable et souriant, et mourir dans une ruelle, poignardé par un inconnu, puis revenir à la vie dans une ville qui mêlait mondes et merveilles n'était pas une raison pour changer ce qu'il était au fond de lui. C'était visiblement le cas de certains ici, qui pensaient qu'avoir droit à une seconde chance leurs donnaient le droit de faire tout et n'importe quoi. Surtout n'importe quoi, en fait. Quelle plaie.

Toujours est-il que les rumeurs allaient bon train. L'on disait qu'il y avait cet homme, ce petit bonhomme aux cheveux blancs, qui avait le visage d'un ange, mais qui pourtant n'apportait que la mort ici bas. Plutôt étonné au premier abord, et observant de loin, l'homme aux cheveux roses remarqua cependant bien vite les familles et amants éplorés qui venaient souiller le sol de la morgue de leurs larmes, à chaque passage de Jack. Et les ricanements de ses collègues, eux, étaient sans cesse plus fort. Ils disaient qu'un homme pareil n'avait pas le droit de mettre ne serait-ce que le bout de sa scandale dans un endroit où préserver la vie était le maître mot.

Fort de cette constatation, John se mit en tête d'essayer de comprendre le fin fond de cette histoire. C'est pour ça qu'à chaque fois que Jack venait à l'hôpital se faire rabibocher quoi qu'il se soit encore cassé et foulé, c'est le médecin lui-même qui tenait à être présent, prenant parfois de rapidité les autres docteurs, allant même jusqu'à falsifier certaines heures de gardes pour pouvoir s'occuper du jeune blanc bec. Et c'était devenu une sorte de jeu, entre les deux hommes, quand ils rigolaient parfois à qui viendrait le premier demander de l'aide à l'autre. John savait pourtant que Jack attendait le dernier moment pour venir le voir. Ce n'était pas faute de lui avoir répété qu'il pouvait aisément l'appeler, et où qu'il soit, l'ancien militaire serait toujours présent, de jour, ou de nuit. Néanmoins, Jack semblait trop timide, trop réservé pour oser faire quoi que ce soit. Le médecin s'était déjà fâché plusieurs fois, à cause de la gravité de certaines blessures, qui avaient trop attendues pour être soignées.

Était-ce le sort qui était réservé à ceux qui ne vivaient qu'en compagnie des morts ?

« - Jack, pour la énième fois, appelle moi John. Et tutoie moi, je ne vais pas te mordre. »

Avec ce petit sourire tendre qu'il ne réservait qu'aux amis, John attrapa entre ses mains recouvertes de gants en latex -hygiène oblige-, le pied droit de l'ancien esprit, pour en faire rouler doucement la cheville. Tout allait bien de côté, et un soupir de soulagement retentit dans la pièce. Heureusement, il n'y avait pas de dommages en plus. Il se saisit ensuite des orteils autrefois blessés, replaçant rapidement ses lunettes sur son nez. Jack était d'ailleurs une des seules personnes devant lesquelles l'ancien militaire n'avait pas honte de les porter. Les orteils, au plus grand soulagement du médecin, bougèrent normalement. Il ne semblait pas y avoir de séquelles, chose qu'il nota sur sa feuille blanche. Quelques mots, raturés rapidement, d'une écriture que lui seul pouvait comprendre. C'était là probablement la malédiction des hommes de science, surchargés de travail pendant leurs études, forcés à prendre des notes le plus rapidement possible, sans même se soucier de la lisibilité des mots.

Fut enfin venu le moment de regarder ce poignet foulé. John releva un regard compatissant vers Jack, histoire de lui m toute la confiance qui émanait de son corps. Pour lui faire comprendre que tout allait bien, qu'il n'y avait pas de soucis à se faire. Pourtant, quand il commença à essayer de faire bouger le poignet endolori, John ne pu que remarquer la raideur dans les membres de Jack, qui devait avoir mal, réellement mal. Le médecin grogna, doucement, ne se faisant presque pas entendre. Il n'aimait pas quand ses habitués étaient dans un état pareil. Il fit tous les examens possibles, tournant la peau entre ses doigts, tentant de faire bouger chaque doigt, appuyant sur chaque nerfs, vérifiant préalablement que rien de pire qu'une foulure était à prévoir. Ce ne fut pas le cas. Cela ne semblait réellement pas sérieux.

« - Rassures-toi, Frost. Tout va bien. Par contre, je préconise que tu passes une semaine sans te servir de ta main. Je te fais confiance, alors je ne te poserai pas d'attelle. Par contre, tu reviendras me voir tous les deux jours pour que je vérifie que tout est en place. »

Le regard du médecin se fit un peu plus dur, presque paternel. Il était ainsi, John, à sans cesse se faire du soucis pour ses petits protégés, à constamment les chouchouter. En son fort intérieur, l'homme aux cheveux roses se rappela à quel point sa propension à pouponner tout le monde comme un mère poule avait tendance à irriter son ex-colocataire. Ce n'était pas sa faute, il avait toujours été ainsi, après tout. Il préférait préparer un bon repas plutôt que d'aller se coucher, même au comble de la fatigue, pour satisfaire la personne qui était en face de lui. Sans doute était-ce pour cela qu'il était si bon médecin, si dévoué à son métier, et qu'il ne passait pas la plupart de son temps à ricaner sur les patients comme ses imbéciles d'internes.

« - Si tu ne fais pas attention, je vais devoir te plâtrer. Tu t'en sors pour cette fois, mais tu n'es vraiment pas loin de la cassure. »
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MessageSujet: Re: Parallélépipède rectangle. || Jack Frost.   Parallélépipède rectangle. || Jack Frost. EmptyJeu 18 Juin - 17:03

Jack déglutit difficilement, quand le médecin lui annonça qu'il ne devait plus se servir de sa main.

Il regarda son poignet foulé, un air de chien battu au visage. Sa main était désormais un poids bien lourd à portée pour sa conscience. Il avait tant de travail... De la paperasse, des signatures, des pierres a transporté, des commandes à effectuer, des cadavres à rapiécé... Comment allait-il faire sans ce précieux membre, essentiel à une bonne conduite de travail ?

Bête de boulot. Voilà ce qu'il partageait peut-être avec les médecins, si ce n'était le domaine médico-légal. Nuit, jour, sans cesse, partageant son temps entre taches physique au sein du cimetière et du funérarium, parfois à la limite de l'effondrement. Il se souviendrait toujours du soir, ou il avait accueilli une famille d'endeuiller, l'image déplorable qu'il leur avait offerte.

Un homme fourbu, à demi-effondré dans ses papiers, les bottes encore pleines de terre d'une récente mise en bière, une bouteille de formaldéhyde nerveusement serrée dans sa main tandis qu'il prenait note des dernières volontés du défunt, inscrites dans son testament.

Les murmures de désapprobation, l'avaient suivi jusqu'en enfer ce soir-là. Jusque dans ses cauchemars les plus fous. Mais il ne pouvait rien faire pour améliorer ce côté négligé de la transaction. Jack était quelqu'un de perfectionniste, effectuant un travail des plus parfait. Mais Jack, était aussi terriblement imparfait, que son boulot était magnifiquement préparé, organisé et orchestré.

Il leva les yeux vers son interlocuteur et médecin, essayant de voir, s'il pouvait passer discrètement cette règle. L'attitude assez paternaliste ne trompa pas le fossoyeur, qui poussa alors un énorme soupir sonore. Il ouvrit la bouche, hésita un instant, avant d'engager la parole dans un mouvement las d'épaules.

« J'ai compris John. Je ne manquerais pas de revenir dans ce merveilleux et accueillant endroit qu'est l'hôpital, tous les deux jours, pour te présenter mon poignet donc. Mais... Je pense que ça va être dur de ne pas utiliser ma main.»

L'ironie pointait dans sa voix et il le regretta presque immédiatement. Il offrit un sourire gêner à l'homme aux cheveux roses, couleur lui faisant songer à un papier de friandise collant et mou. Tout le contraire, du bonbon. L'emballage ne fait pas le moine. Enfin, l'habit.

Il sollicita ses muscles, fermant et rouvrant compulsivement le poing de son bras en l'état devant ses deux perles bleu glacées lui servant d'yeux. Il sentit les tendons et les nerfs qui s'étirèrent, ce lui arracha une légère grimace. Il ne regrettait pas cette forme charnelle, pour sa poésie. Mais, il la haïssait, pour sa fragilité. Lui, esprit sans faiblesse autre que lui-même, se trouvait ainsi à la merci de tout être ayant un corps réel plus massif que le sien.

Il secoua doucement la tête, chassant la légère brise de nostalgie lui caressant la nuque. Il plaça ses mains sur le bas de son dos, et s'arqua dans d'horribles bruits de craquements douloureux qui lui arrachèrent un ou deux gémissements de mal-être. Ces os ! Nom d'un chien ces os qui semblaient être en verres, à se remettre en place, et se défaire plus rapidement que l'espérance de vie qu'un poisson dans une flaque d'eau en plein désert !

D'un mouvement, Jack lâcha un regard à sa montre, la fatigue lui enserrant la poitrine. Ses mains se balancèrent légèrement près de ses genoux, tandis qu'il se redressait doucement. Il avait un dernier problème. Ce qu'il cachait au médecin, depuis un moment maintenant. Une semaine... Deux semaines ? Il ne se souvenait plus.

« Nous avons tous deux tellement de travail... J'aimerais en avoir moins, je dois t'avouer. Cela ferait plaisir à tes collègues, ainsi qu'à toi, j'imagine. Ma présence n'est que peu désirable, après tout. Je suis plus doué avec les morts qu'avec les vivants. Et même envers moi-même, je suis maladroit.»

Il pencha la tête sur le côté, se releva en vacillant légèrement. Lever trop vite ? Cela devait être ça, le soudain tournis qui lui prenait la tête. Il tangua. Était-ce le manque de sommeil qui le fit voir flou ? Probablement. Sans laisser paraitre son mal, il abaissa sa manche sur son poignet foulé. Avant de relever le pan de vêtement opposé, sur son autre bras.

« J'ai un autre problème John. Je me suis renversé du formaldéhyde sur l'autre bras. Il n'y avait rien de visible sur le moment, mais je crois que je fais une réaction allergique. Ma peau était complétement irritée et rouge vive la dernière fois que j'ai examiné, elle partait au moindre frottement. »


Il n'osait s'avouer les marques de brûlures chimiques cicatrisés, qui restait probablement encore sur quelques endroits de son bras, et honteux, baissa les yeux.

« Je ne sais pas prendre soin de moi, c'est fou. »
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MessageSujet: Re: Parallélépipède rectangle. || Jack Frost.   Parallélépipède rectangle. || Jack Frost. EmptyJeu 18 Juin - 17:03

John n'eut qu'une envie, sur le moment, prendre ce petit bonhomme entre ses bras.

Ce ne fut pas un élan soudain qui refléta un quelconque forme de sentimentalisme. Le médecin appréciait Jack, et c'était déjà beaucoup. Car il n'appréciait guerre beaucoup de monde, en temps normal. N'allant pas jusqu'à cracher à la face du monde entier non plus, le rosé avait cependant beaucoup de mal à s'attacher définitivement à quelqu'un, préférant rester froid et distant. Probablement pour se protéger, pour renforcer la carapace qu'il avait autour du cœur, et qu'il avait été forcé de se construire en quelques instants. Parce que quand il avait avait passé le pas de cette porte, ce jour maudit... non, ce n'était pas le moment de s’apitoyer sur son sort. John voulait prendre le thanatopracteur. Cependant, il ne fit rien, se contentant de sourire tendrement, posant l'une de ses mains sur celle meurtri de son ami.

Ce dernier était très agité, et le soupir qu'il lança, et qu'il fendit l'air, brisa un peu le cœur du médecin. Il semblait si mal à l'aise, si petit dans son coin, si malheureux d'être en cet endroit, dans cet hôpital où tout le monde se battait pour faire falloir la vie. John pouvait aisément comprendre l'avis de ces collègues, pourtant, il ne les approuvait pas pour autant. Lui s'en fichait. Un patient était un patient, quoi que les autres en disent. Il était médecin, là pour exercer sa profession et aider les gens dans le besoin, nul besoin de plus. C'était peut-être là, sa faiblesse, sa gentillesse. Il suivait ses instincts, parce que sur le champ de bataille, c'est ce qui primait. La survie. Était-ce la raison pour laquelle il se sentait si proche de Frost ? Vraisemblablement. Parce qu'un homme pareil avait été présent, du temps de la guerre. Là où vie et mort se coutoyaient au quotidien. John n'avait pas peur de la mort.

« - Oui mais tu dois faire attention de tout même. Si cela peut te soulager un peu, je viendrais te voir tous les deux jours plutôt que de te forcer à te déplacer. »

Cependant, la dernière phrase fut celle qui interpella le plus l'homme aux cheveux rosés. Il écarquilla à peine les yeux, et replaça correctement ses gants, tentant de prendre l'air le plus détacher possible. Faire son travail, et rien d'autre. Ne pas juger. Il n'était pas là pour ça, après tout. Alors, en douceur, il se saisit du bras blessé de Jack, et en releva la manche. C'était proche de l'insupportable. La peau était mangée par endroits, elle était rouge écarlate. John retint un petit hoquet, un peu choqué, et se saisit immédiatement d'un coton entre deux pinces, qu'il plongea dans le désinfectant, tapotant les nombreuses plaies. Quelques minutes planèrent entre eux, dans un silence quasi parfait. Quand les plaies furent propres, Watson les inspecta de plus près, puis déposa un peu de crème apaisante et cicatrisante sur les blessures, toujours avec une tendresse certaine, pour ne pas blesser le jeune homme. Et il se mit à lui répondre, pendant qu'il lui bandait le bras.

« Oh, non, ne crois pas ça. Ils sont coincés ici, pour la plupart, mais je ne te désapprouve pas, Jack. Chacun son métier, après tout. Quant à ton bras... bon, je ne vais te cacher que ce n'est pas beau, c'est sûr. Je désinfecte ça, te pose des bandages, mais tu auras des antibiotiques à prendre. »

À son arrivée ici, Dickens avait parlé à John de Holmes. Il lui avait dit qu'il se trouvait entre les murs de cette ville, qu'il était en vie, et qu'il passait la plupart de son temps avec un certain Lorenzo. Cependant, un constante restait à régler. Car les deux hommes ne s'étaient pas croisés, depuis son arrivée. Il y eut des bruits, des rumeurs, comme quoi le détective passait l’entièreté de son temps avec un autre homme, à discuter jusque parfois tard dans la nuit. Jamais John n'avait osé les déranger, préférant rester dans son coin et laisser le logicien à sa nouvelle vie. Il avait été remplacé, et le constat était amère. Pourtant, même si le médecin avait d'autre priorités pour le moment, prenant la forme d'un beau brun, Watson ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter pour le bien-être de son ancien colocataire. Probablement le doux parfum des regrets, des sentiments qu'il avait nourrit pour cet homme pendant des années, mais qui s'étaient finalement avérés être un joli coup d'épée dans l'eau.

« - Dis-moi... toi qui travaille au cimetière... hm... tu n'aurais pas un... Holmes ? Juste pour savoir. »

John était un homme fort et plutôt grand. Mais en cet instant, il ressemblait à un petit chiot, recroquevillé dans un coin de sa chaise, le regard fuyant, la peur au fond des entrailles.
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