Run

Encore quelques secondes, quelques pas sur la scène, avant que jack ne se lève dans un mouvement fluide en harmonie avec le reste du public. Alors, les mains de ce qui semblait être un seul être, s'unirent pour frapper l'air avec passion. Les claquements furent bruyants, hautement envahissants, inondant la salle tel un fleuve en soudaine crû.

Un bonheur qui rend sourd. Un bruit bien agréable à ses oreilles.

Frappant dans ses mains comme les autres hommes présents, du plus fort qu'il pouvait, Jack se pencha en avant sur la rangée de spectateurs tous à leur hommage. Ses cheveux blancs, détonnant, tombèrent légèrement devant ses yeux et il les chassa d'un souffle. Curieux, il tourna la tête à droite, puis à gauche, observant avec autant de passion le salut final, que la réaction des hommes ayant assistés à la prouesse.

Jack continuait à applaudir, tandis que déjà, ses voisins de sièges, semblant aussi essoufflés que les danseurs, s'arrêtaient avec de grands sourires.

Jack, resté respectueusement concentré durant toute son analyse, laissa naitre alors sur son visage, une sorte d'expression joyeuse légèrement copié. Se laisser aller...Se laisser aller... Il s'en trouvait dans l'impossibilité. Finalement, quand la clameur environnante eut perdu de son ampleur, il fourra ses mains dans ses poches, abandonnant sa stupide gymnastique des lèvres pour quelque chose de plus formel, mais également plus naturel.

Le rideau se ferma après une dernière courbette des danseurs et un soupir satisfait échappa des lèvres gercées de Jack. Ses yeux étaient comblés de valses, de mouvements qui planaient encore dans son esprit espiègle, et dans un sens, il aurait pu regarder de telles prestations pendant des heures encore.

Mais revenir chaque fois qu'un spectacle piquait son amour de l'art, lui était d'une totale impossibilité. Les places payantes lui étaient inaccessibles, et le simple fait de réussir à entrer au théâtre avec ses maigres moyens...était un miracle en soi.

Un miracle, ou une belle fraude.

Alors les hommes se mirent à bougés. L'air vibra intensément, les chaussures de cuirs tonnerre contre le bois et le sol, les murmures et avis divers jonglèrent autour de Jack, qui se jucha sur son siège permettant ainsi aux spectateurs de sortir de l'allée sans problème. Lui, resta ainsi, recroquevillé sur son siège. Il n'avait clairement pas l'intention de bouger.

Du moins, pas vers la même destination que les autres spectateurs.

À vrai dire, ses intentions étaient bien contraires à la logique des choses.
Une fois la file d'inconnus l'ayant dépassé, il se releva. Il accorda un dernier regard à tous ces gens, dont les visages semblaient mouvants et floutés, sans identités. Puis, il courba l'échine et se glissa en bas des gradins. Coup d'œil à droite, coup d'œil à gauche, personne. Tous, étaient occupé près des sorties.

Le reflet d'un projecteur, vint faire scintiller une étincelle malicieuse dans son regard, et rapidement, il passa sous le rideau rouge, s'éclipsant aux yeux de la foule et des gardiens.

Aussitôt eut il foulé la scène, qu'il retira ses chaussures, de peur d’abimer l'espace. Il imaginait à cet endroit, les humains aux corps si forts pour faire tant de mouvements, dansant, répétant, s'accordant avec la musique si enchanteresse qui l'avait charmé dès le commencement de la pièce.

Cela lui faisait tout drôle.

Il s'avança doucement, touchant les décors présents, jouant avec les ficelles, hésitant à appuyer sur les boutons commandant l'éclairage.

C'était impressionnant. L'atmosphère qui régnait, rendait Jack aussi attentif, aussi émerveillé qu'un enfant. Les humains étaient tellement intéressants ! Ce qui semblait être un pincement chaud, lui perça la poitrine, mais la sensation s'évanouit dès que des pas se firent entendre dans la salle vide depuis plusieurs minutes déjà.

D'abord, il ne bougea pas, puis, ses pupilles mobiles s'attardèrent en bordure de sa vision périphérique. Jack se retourna vivement, étouffant un grognement d'agacement, et s'engouffra dans l'ouverture la plus proche.
Pas assez rapidement, semblait-il, car un appel à l'ordre résonna derrière lui.

« Mince... Lâche-moi toi ! » Cracha-t-il dans un murmure.

Rapidement, il se rendit compte qu'il avait oublié ses chaussures sur scène, mais se contenta de hausser les épaules. Tant pis. Il n'avait plus le temps. D'une enjambée agile, il se mit à courir dans le couloir. Un sourire assez amusé étirait maintenant ses lèvres. Ce n'était clairement pas le moment de se faire choper.

Après tout, il était entré sans payer.