On dit de moi que je suis •Tu n'es plus invisible, Ches', mais tu as souvent tendance à oublier que même si tu oublies le monde, lui, continuera de t'observer. Ton regard croise celui d'un inconnu, et il te perd, te retrouve plus loin, mais ta silhouette semble presque floue, fondue dans l'obscurité de la foule... Tu n'es qu'une ombre qui passe, qui s'efface, laissant une traînée de cendres sur son passage. Tu es discret, lorsque tu le désires, tu sais disparaître habilement, te cacher des regards de manière à ce que l'on ne te voie plus. Tu surgis de nulle-part, un vestige de ton ancienne vie, dérangeante particularité, si bien que certains te prennent pour un songe... Ou plutôt un cauchemar. Mais des fois tu penses qu'on ne te vois pas alors que t'es sorti de l'ombre, perdu dans ses pensées, les gens qui te voient te trouvent étrange, voire flippant.

Manipulateur ϟ Sournois ϟ Séducteur ϟ Excentrique ϟ Taquin ϟ Joueur ϟ Curieux ϟ Agaçant ϟ Inquiétant ϟ Arriviste ϟ Imprévisible ϟ Ne se gêne pas pour dire des choses qui pourraient véxer ϟ Fou, à sa façon ϟ Adore jouer sur les mots et les termes ϟ Stalke parfois les gens ϟ A une fascination malsaine pour le fonctionnement de l'être humain ϟ Considère l'esprit comme une entité divine et se perd souvent dans des délires métaphysiques dans lesquels il pense s'être désincarné dans une transcendance de ses limites ϟ Ne se conforme pas aux notions de morale, préférant décider lui-même de ses limites ϟ Parle parfois seul ϟ Semble se ficher de tout ϟ Considère les gens comme des cobayes ϟ Adore pousser les gens dans leurs retranchements et voir leurs réactions ϟ Est dans son monde  

Mais au premier abord je suis • Ches' c'est le coin d'ombre dans le fond de la salle. C'est les endroits que l'on ne voit pas, là d'où on s'attend de voir surgir un détraqué. Ches' c'est ce détraqué. C'est une demi-lune aux dents acérées qui se dessine dans l'obscurité, une silhouette floue qui se détache des ténèbres et qui prend consistance. Une longue asperge de ténèbres... Un Slenderman aux articulations nouées. Cheshire il grince, il a le rire aigu, les dents qui crissent. Il a un énorme sourire désaxé qui vient lui fendre le visage. Il a les lèvres roses, légèrement pulpeuses, qui se départissent rarement d'une cigarette. Les arrêtes de son visage sont saillantes, anguleuses, ses pommettes ressortent, presque tranchantes. Ca lui sculpte un visage de véritable muse masculine. Ches' il a les yeux dépareillés, l'un est de feu sur un lit de ténèbres, l'autre de glace sur un lit de lumière. Il a les cheveux rouges, coupés n'importe comment et se perdant dans le vent, une véritable crinière de lion dans laquelle on voudrait passer ses doigts. Il inquiète autant qu'il fascine, Ches' est beau, à sa façon, mais il est surtout terriblement dérangeant.

Il a les membres longs, fins et le teint diaphane, marqué de tatouages et de cicatrices, Ches' n'est rien de ce qu'il subit. Cheshire, c'est plus d'un mètre quatre-vingt d'excentricité malsaine. C'est des articulations saillantes et des doigts longs et noueux. C'est des tenues tantôt sobres, tantôt étranges. Pour Ches son corps n'est que le vassal de son esprit supérieur, il n'a que faire de sa garde robe et enfile tout ce qui lui passe sous les griffes. Cheshire c'est aussi des roucoulements satisfaits qu'on entend parfois, un miaulement lascif dans l'obscurité. C'est les bruits étranges que l'on tente d'ignorer dans son lit la nuit tombée. Il a tout du Boogeyman niché dans un placard.

Cheshire, Chester, Chess… Plus d’un siècle d’existence, des dizaines de reprises, mais nul n’a su t’ôter ta nature. Au-dessus de tout, au-dessus du monde même et des cieux, au-delà de la cognition et de l’esprit, tu t’étais désincarné, Chess, devenant l’immatérialité même sur les pages noircies par les pensées tarabiscotées d’un écrivain. T’avais l’insaisissable légèreté du junkie hilare, trop haut perché pour être atteint. T’as toujours été le trickster de l’histoire, celui qui venait tout chambouler, sans jamais y prendre part. Tu riais, tapis dans l’obscurité, tu ne te résumais qu’à un vent de folie qui venait doucement souffler sur cette tendre Wonderland, contrée bercée de l’illogisme et du non-sens dans lequel tu te complaisais. Tu avais guidé Alice au travers des sillons de sa propre cognition, tu lui indiquais la pensée à suivre et son esprit se façonnait au fil des rencontres. Tu parlais par énigmes, suggérant, sans jamais imposer. Tu la voyais parfois prendre la bonne route et d’autres s’en détourner en recréant la ligne scénaristique de son imprévisibilité, délicieux frisson de l'inconnu qui apportait de la fraîcheur à ton esprit las. Tu pensais pouvoir saisir l’essence même de l’Être en observant son périple, et tu t’étais vautré, noyé dans son absence et l’irréalité de ton monde.

Après son départ, plus rien n’avait de goût, toutes les réactions t’étaient connues et prévisibles, les habitants des merveilles restaient figés dans la ligne scénaristique que l’auteur leur avait donné. Tu étais las, si las, que t’avais plongé dans le terrier, tu avais la sensation que ta vie était achevée, qu’il n’y avait plus rien qui demandait un lendemain. Que le sablier qui ne se vidait jamais ne se résumait qu’à du temps à perdre, ton esprit était mort depuis longtemps, noyé par l’espoir d’un ailleurs plus grandiose.

Et tu atterris à Pandore. Tes coussinets se firent doigts osseux et allongés, tes griffes devinrent onglts, tu perdis ta queue, tu perdis tes oreilles félines. D'animal sournois tu devins homme mesquin, mais ton rictus resta imprimé sur ton faciès tiré par une pensée progressiste. Tu découvris le monde, tu t'engouffras dans les tréfonds les plus sombres de Pandore, pour t'élever au sommet. Tu étais avide de connaissances et de rencontres. Comme Prométhée autrefois, tu volas leur éclat aux grands, mais on ne te détruisit pas le foie pour autant. Tu devais être plus doué, ou plus sournois. Quand tu arrivas tu commença par vendre ton corps. Il n'y avait nul métier qui retenait ton esprit tourmenté par le savoir et c'était un bon moyen de s'assurer d'une rente, et de l'avoir lorsqu'elle serait nécessaire. Tu vécus au jour le jour, et puis tu rencontras cet homme.
Tu ne te souviens plus de son nom, il n'était qu'une pièce sur l'échiquier de la lutte pour l'élévation de ton esprit. Il était grand, sombre, son apparence te fascinait. Son esprit était curieux aussi. Gorgé du savoir d'autrui, rongé de l'intérieur par des croyances déplacées dans ces nouvelles contrées, son amour pour le mystique agitait ses cellules et les épuisait. Si on y regarde bien, tu n'as fait que lui rendre un service, tu as fait taire les démons incohérents et poussiéreux qui le hantaient. Cet homme était le propriétaire d'un Casino, il t'avait pris sous son aile, et tu jouas l'animal domestique... Un temps. Tu te glissais toujours dans l'ombre, tu t'éclipsais dans la nuit pour tisser des liens, nouer des corps au tien. Tu les entravais dans l'inextricable toile de ta soif de connaissances, tu voulais plus, toujours plus. Ton esprit méritait bien plus que de servir d'ornement à une cognition inférieure. Le tien n'avait pas besoin de décorations superficielles, il se suffisait à lui-même, devait éclipser les autres.  

Et dans ton grandiose délirium de mégalo névrosé, tu avais poussé au meurtre de ce grand homme qui eut le malheur de te tendre la main un jour, de t'offrir la stabilité, l'amour et la prospérité. Tu héritas de tous ses biens, l'histoire du millionaire laissant son animal domestique pour seul héritier. Ton Casino se retrouva affilié à la pègre, c'était la contrepartie pour leur aide, mais tu t'en fichais du moment que tu te retrouvais en position pour observer les petites fourmis s'agiter, ton sourire désaxé imprimé sur les lèvres.